Le cliché
Ah, voici un mot que je n’aime pas mais qui pourtant se rencontre si souvent dans les fanfictions et même dans les livres en général !
Par définition, le cliché est une expression toute faite devenue banale à force d'être répétée; idée banale généralement exprimée dans des termes stéréotypés. Le cliché est donc une image usée, qu’il s’agisse d’une formule lexicalisée. Et il va sans dire que les clichés sont à éviter le plus possible lorsqu’on écrit !!
Les définitions et conseils que je vais donner, acquis par mes cours en atelier littéraire, ma participation à divers concours de nouvelles, conseils d’écrivains trouvés sur le net ou autres, le fait que je lise énormément ou tout simplement mes études d’ordre assez littéraire ne font évidemment par de moi un monstre de perfection en la matière et n’engagent strictement que moi ! Si certains conseils vous gênent, eh bien ignorez-les. Néanmoins j’espère que certains pourront vous être utiles. Ceci s’applique aux fanfictions, Harry Potter ou autres, comme aux histoires originales. Bonne lecture !
Les auteurs de fanfictions ont tendance à utiliser énormément de clichés
Clichés induits par le cinéma ou la télévision.
Le problème, si l’on regarde trop la télé et que l’on s’en inspire pour ses écrits, c'est qu'on se met à accumuler les clichés. Pourquoi ? Simplement parce que le cinéma a toujours adoré les clichés, alors que la littérature les DETESTE avec un grand D ! Il ne faut surtout pas mettre ciné et littérature dans le même panier ! Les histoires se traitent de façon différentes car ce sont tout simplement deux genre différents ne correspondant pas aux même attentes.
Le cinéma hollywoodien contemporain est très souvent une accumulation de clichés, prisés par le public donc utilisés par les producteurs de films qui veulent faire des entrées. Et ça marche...
Les séries télé se font à la chaîne et leur programmation peut être subitement interrompue si le public n'est pas au rendez-vous. Admettez que cela n'incite pas à trouver des idées nouvelles : car pour assurer ses arrières, on réutilise ce qui a déjà eu du succès.
De plus, la télévision et le cinéma ont bien entendu un côté visuel qui joue un rôle important. Les dessins animés encore davantage. Ainsi transposer certains effets qui nous ont touché dans un DA japonais à l'écrit donne des scènes étranges. Ainsi :
- le mystérieux courant d'air dans une salle close pour faire danser les cheveux du héros
- des personnages se tapant la tête contre la table quand ils sont embarrassés
- le héros qui sort d'une fusillade nourrie (ou d'une bagarre) avec une coupure sur la pommette (très esthétique)
Clichés induits par les romans à thème
La littérature classique et les grands auteurs exposent généralement des idées originales ou du moins présentées comme telles. Ainsi lire de bons livres permet d'accéder à des idées neuves, exemptes de clichés.
Par contre, des romans obéissants à des codes plus stricts comme les policiers, la science fiction, la Fantasy ou les romans à l'eau de rose sont contraint d'obéir des à des règles qui réduisent les possibilité et de ce fait augmentent les chances de retrouver des scènes lues et relues. Le summum est atteint par la collection Harlequin qui impose carrément une trame à ses auteurs qui suivent donc tous le même cheminement.
Doit-on pour autant se priver de ces lectures, quand on les apprécie, sous prétexte que l'on écrit soi-même parallèlement ? Non bien sûr. Par contre, il faut tenter de prendre du recul et de repérer les clichés pour être ensuite à même à les éviter. Car le danger est qu'inconsciemment, notre esprit retient ses scènes types et nous les reproduisons ensuite, croyant les réinventer. Et en être conscient n'empêche pas forcément de tomber dans ce travers, hélas.
Je reviendrai aux caractéristiques de ces deux catégories dans « Les clichés de l’intrigue »
Les différents types de clichés
Les clichés du style
Il s’agit tout simplement des expressions toutes faites qui finissent par en devenir agaçantes.
- son sang ne fit qu’un tour
- elle avait une chevelure blonde comme les blés / d’un noir de jais
- ses yeux étaient d’un bleu d’azur / vert émeraude
- il se tenait droit comme un i
- elle monta les escaliers quatre à quatre, etc.
Les clichés du style sont les moins graves et il est même de bonne guerre d’utiliser une de ces expressions de temps à autre. A la limite, c'est même plus agréable pour le lecteur que d'avoir un style trop pauvre. Mais il faut savoir ne pas en abuser car cela devient vite LOURD.
Les clichés de l’intrigue :
Je t’aime mon amoooûûûûûûr !!!
Le plus courant se rencontre dans les romances. Romantisme : OUI ! (je suis la première à l’être) Mais guimauve : NON ! Vous voyez de quoi je parle évidemment. Non seulement des expressions entre les héros toutes faites et pleine de mièvrerie devant lesquels il est difficile de ne pas vomir, surtout lorsque l’on est allergique à la guimauve genre :
Oh, mon amour ! Nous sommes enfin réunis ! Je t’aime tant ! »
Oui, mon doux coeur, je t’aime plus que toi moi aussi ! Désormais, rien n’y personne ne pourra jamais plus nous séparer ! Nous appartenons l’un à l’autre pour l’éternité...
Puis le bisou merveilleux où l’héroïne voit des feux d’artifices derrières ses paupières avec la jambe pin-up en prime, et fin disneyéenne ou ils vécurent heureux et eurent beaucoup de p’tits sorciers...
Ben voyons... Vous avez eu besoin d’un mouchoir ? Moi non plus... D’un sac en plastique ? Moi aussi...
Bref, je pense que celui-ci peu s’y risquent car c’est tout de même l’un des clichés les plus faciles et haïssables qui existe et vive les moqueries après une scène niaise de ce genre...
Mais il y a aussi les scénarios tellement vus, revus et rererevus qu’ils en deviennent d’horribles clichés.
- Exemple 1 :
- Truc sort avec Machine et ils sont fous amoureux. Mais Machine disparaît et Truc, seul et désespéré pendant un temps, retrouve le sourire grâce à Bidule. Mais là, tout à coup, alors que Truc vit le grand amour avec Bidule, Machine revient ! Ha ! Mais qui donc entre Machine et Bidule, Truc va-t-il choisir ????
- Exemple 2 :
- Truc sort avec Machine et ils sont bien sûr, complètement dingues l’un de l’autre. C’est là que Bidule, l’ex méchante et jalouse de Truc débarque et cherche à semer la zizanie en embrassant Truc. Evidemment, Machine débarque pile poil à cet instant (c’est magiiiiique ^^) et s’enfuit en les voyant, sans prendre en compte les « Ce n’est pas ce que tu croooiiiis ! » éplorés de Truc. Machine cherche donc à oublier mais, horreur ! Elle est enceinte de Truc ! Et donc grâce à ce bébé enchanté, tout finit par s’arranger entre Machine et Truc. Bidule est punie et tout finit bien !
- Exemple 3 :
- A la suite d’un pari avec ses copains, le prétentieux Truc se met à draguer la timide Machine qui elle, est amoureuse de lui depuis toujours. Evidemment, au début, Truc ne sort avec elle que par intérêt mais Ô ! Miracle ! Truc se met alors à éprouver cette étrange chose à l’égard de Machine qui s’appelle l’amooûûûr ! Mais bien sûr, en apprenant que Truc lui a menti, Machine le quitte, vexée. Mais comment ce cher Truc, tombé crazy in love, va-t-il rattraper le coup ???
- AJOUT : Soumis par une lectrice :
- Truc aime Bidule, et comme par magie, Bidule glisse et tombe sur Truc avec leur bouches collées ensemble. Truc en profite et Bidule se rend compte qu'il désire Truc. S'ensuit les aventures de Bidule qui se rend compte qu'il aime Truc à la fin de l'histoire ...
Ceux-ci sont les trois premiers scénarios qui me sont venus à l’esprit, des plus clichés mais il y’en a encore également pleins d’autres, bien sûr. Je sais, ce n’est pas facile d’éviter tous les clichés lorsque l’on écrit une histoire d’amour, surtout en étant déjà au XXIème siècle où la littérature a déjà exploré bon nombre des plus intéressants scénarios qui, bien qu’étant bons à l’origines, ont été tellement exploités qu’ils en sont devenus des clichés.
Après tout, l’éternelle histoire des deux jeunes dont l’amour est interdit car leurs familles sont ennemies mortelles n’était pas encore un cliché quand Shakespeare a écrit Roméo et Juliette ^^ D’ailleurs, j’ai moi-même utilisé dans une vieille fic le premier scénario que j’ai cité mais j’ai tenté d'introduire le maximum d’originalité dans mon intrigue et mes personnages pour aller au-delà du cliché. Il y a donc des moyens de transcender les clichés, même lorsqu’on en emploie, ce que nous verrons plus bas.
Sinon, le coup de l’héroïne qui est super jalouse et cogite à mort car elle a vu son mec avec une autre et qu’à la fin, celui-ci lui dise : Mais non ! C’était sa COUSINE ! moi je trouve ça risible tant c’est réchauffé comme cliché. Pareil pour le genre larmoyant - Je vais mourir ! Dis à ma femme que je l’aime ! - Non, tu lui diras toi-même !
Il est inutile de dire que si les happy-end sont toujours très appréciables, il est inutile d’en faire des tonnes et de conclure sur « Ils se marièrent, devinrent super riches, elle devint Auror et lui joueur de Quidditch international et quelques années plus tard alors que leur amour était toujours aussi fort qu’au premier jour, leur bonheur fut à son comble avec deux jumeaux, une fille et un garçon. » Pitié. Trop c’est trop, restons plausibles.
Et au niveau des personnages, faites attention à ne pas tomber dans le cliché très tentant qu’est le Marysuisme. Même si c’est un personnage déjà connu, cela compte aussi ! Personne souvent marysuisée dans les fics : Hermione. Pitié, arrêtez de nous faire le coup de la Hermione parfaite qui soudain après la Septième année s’ouvre comme une fleur avec des formes généreuses, une peau parfaite, de belles boucles dans les cheveux, des sous-vêtements Dior en dentelle, des jupes si courtes que même un bikini serait plus décent et une vie sexuelle à en faire pâlir d’envie Aphrodite. Bah... C’est qui cette fille ?! Nous, on l’aime comme elle est notre Hermione Granger Miss Je-Sais-Tout aux cheveux décoiffés et un peu coincée. Et puis JKR nous a déjà créée une Mary-Sue parfaite après tout : Fleur. Alors ne faites pas de notre petite Mione une pâle copie de la Française blonde.
Liste de clichés trouvés dans les potterfictions
- La larme unique qui coule sur la joue du héros
- C'est tellement poignant mais pas du tout réaliste. Quand on pleure c'est des deux yeux... et en plus on a le nez qui coule, c'est moche mais physiologique.
- Le héros sauve la vie de l'héroïne
- C'est pas courant de sauver la vie de quelqu'un alors que ce soit pile la bonne personne, faut avoir beaucoup de chance ou être dans un roman
- L'héroïne après un grand malheur demande au héros de dormir avec elle car elle ne veut pas rester seule (en tout bien tout honneur bien entendu)
- L'héroïne, qui décidément traverse une dure période, pleure dans les bras du héros avant de s'endormir
- Euh, vous tombez comme une masse après avoir pleuré, vous ?
- La personne qui lance la réplique quitter avant de quitter majestueusement la pièce
- Bon d'abord, quand on parle avec quelqu'un, on reste jusqu'à la fin de la conversation. Et puis, quand on lance un bon mot, on est tenté de rester pour en voir l'effet sur l'interlocuteur
- Harry, descendant de Gryffondor, petit fils de Dumbledore et héritier des grandes familles sorcières, devient super-puissant
- Plus votre héros est "normal", plus on s'identifie à lui facilement
- Rogue, Drago qui deviennent super sympa
- En plus, c'est OOC, alors il faut vraiment, vraiment bien le justifier
- Fic sur les Maraudeurs: Peter inexistant, création d'OC qui deviennent comme par hasard les meilleurs amies de Lily et sortent avec avec Rémus et Sirius
- On en sait peu sur les Maraudeurs et le peu qu'on en sait sont des poncifs (grande amitié virile, amour qui commence mal entre Lily et James, trahison). Alors attention de ne pas raconter la même histoires que les milliers defics qui ont été dédiées à cette époque
- Je me nomme Harry Potter, je suis le fils de Voldemort/Rogue qui a eu une liaison avec ma mère qui, pour ne pas blesser le J.Potter, s'est arrangé pour modifier mon apparence physique.
- Ce fut en son temps une vraie trouvaille, mais maintenant cela a été archi-copié
- Drago Malefoy qui veut se démarquer de son méchant papa et trouve le courage de s'affirmer dans les beaux yeux de Hermione / Ginny / Harry
- Disons que pour réécrire pour la 134 845 ème fois Romeo et Juliette, il faut avoir une bonne intrigue...
- Lily et James / Hermione et Drago, préfets en chefs, qui se détestent, obligés de partager un appartement du fait de leur fonction.
- Euh, vous croyez vraiment que dans un collège anglais, on laisse deux adolescents de sexe opposé dans un même appartement, sans surveillance ?
- L'un de nos jeunes héros revient dans le passé pour aider son père et sa mère à tomber amoureux
- Le slash
- Commentaire de Alixe : c'est une opinion personnelle, mais j'ai l'impression que beaucoup d'auteurs font du slash juste parce que c'est la mode...
Comment transcender les clichés ?
On peut effectivement transcender le cliché, oui, à condition d’employer une idée nouvelle lorsqu’on parle d’une chose connue. Cela peut se faire en prenant le contre-pied du cliché, mais on risque alors de se retrouver avec un nouveau cliché différent.
Donc, la meilleure stratégie est d’explorer les nuances de l’idée centrale.
Ainsi JK Rowling a magnifiquement réussi à moderniser la sorcière volant sur son balai, avec sa baguette, ses formules magiques et son chaudron. Elle nous propulse dans un monde parallèle et secret et se sert de l'opposition Socier/Moldu pour traiter du racisme.
Son intrigue à l’origine, partait de plusieurs idées déjà-vu et de clichés : un gros méchant, le héros solitaire et orphelin censé le détruire. Mais par son style, par la profondeur de ses attachants personnages et son intrigue en béton, JKR a réussi à en tirer une histoire superbe et originale, au-delà du cliché.
La réussite de votre fiction ne dépend donc que de votre manière de la traiter !
Ceci est également valable pour les scénarios des histoires d’amour précédemment cités. Si ceux-ci sont traités de manière profonde, que l’auteur a un bon style et que ses personnages sont intéressants, alors l’histoire peut se révéler intéressante aussi.
Certains jouent même sur les clichés pour nous pondre des parodies. C'est volontairement qu'il entassent les clichés, en forçant le trait pour nous faire rire. IL en existe d'excellent sur ffnet.
Cela dit, si votre style est inimitable ou que vous avez le génie du dialogue, un sens de l'humour décapant, vous pouvez vous permettre d'utiliser les pires des clichés, les lecteurs seront quand même au rendez-vous. Et heureusement !
Bonne continuation et inspiration à tous dans vos fictions !