La forme des histoires
Le retour en force du feuilleton
La principale caractéristique de la publication sur internet est une publication en épisode. Les histoires peuvent n’être composées que d’un seul chapitre (one-shot ou OS) mais, s’il y en a plusieurs, ils ne seront pas postés en même temps et les lecteurs devront attendre la suite. Les délais peuvent être plus ou moins longs et les mises à jour plus ou moins régulières.
Beaucoup d’auteurs écrivent au fur et à mesure. Pour cette raison, on a parfois des incohérences dans l’intrigue. Mais d’autres auteurs font des efforts de régularité et travaillent avec un plan assez solide pour mener à bien leur projet même si l’écriture leur prend plusieurs mois, voire plusieurs années.
Malheureusement, beaucoup d’histoires sont abandonnées en cours de route par leur auteur et on reste parfois sur sa faim.
De la vignette au roman fleuve
La longueur des chapitres est très variable. Certains se limitent à 100 ou 200 mots, c’est même une forme littéraire assumée, d’autres montent à 10 000 ou 20 000 mots.
On a des histoires très courtes (le one-shot), des mini-fics (entre cinq et dix chapitres), des fics de 30 à 50 chapitres, de longues histoires qui dépassent les 100 chapitres, voire des sagas qui se découpent en plusieurs tomes.
Comme on peut le voir, Internet permet une souplesse qui ne serait pas forcément possible dans l’édition.
Entre liberté et exigences
Une forme de publication très libre
A la base, il est très facile de publier sur internet. On s'inscrit sur un site de publication ou sur une plate-forme de blog et on poste ses histoires à son rythme, de la taille et de la forme voulue.
A priori, on publie ce qu'on veut, car il n’y a pas d'éditeur pour poser son véto.
Les normes de la fanfiction
Des règles des sites
Les sites de publication imposent un certain nombre de règles pour des raisons juridiques et pour le confort des lecteurs.
Pour commencer, les administrateurs veillent à ce que les textes postés soient en accord avec les lois applicables car ce sont eux qui sont responsables de ce qui parait chez eux. Ainsi, il faut généralement accepter de valider le règlement du site avant d’y poster son histoire.
Par ailleurs, les lecteurs apprécient de pouvoir faire des recherches par thème pour trouver des histoires correspondant à ce qu'ils ont envie de lire. Les auteurs sont donc priés de caractériser leurs histoires quand ils les postent, généralement à l'aide d'un formulaire contenant des listes déroulantes. Ils précisent ainsi le fandom, le genre du récit, les personnages principaux, le rating (âge de lecture conseillé). Il est aussi généralement prévu de faire un bref résumé ou une accroche de l'histoire pour guider le lecteur.
La fanfiction, un exercice de style rigoureux
Si la liberté est de mise dans la publication sur internet et le contenu des fanfictions multiforme, certains lecteurs attendent que l'histoire remplisse un certain nombre de critères. Certains auteurs s'y soumettent, soit pour satisfaire leur public, soit parce que le défi leur plait.
Pour commencer, les lecteurs attendent de retrouver dans un récit de fanfiction un prolongement de l’œuvre principale. Ainsi, à moins que l’auteur n’ait précisé qu’il avait l’intention de laisser de côté certains éléments (voir la définition des UA), il prend le risque de se voir reprocher toute erreur ou contradiction avec l'histoire originale.
Modifier le caractère des personnages (les OOC) expose également à l'agacement des lecteurs les plus puristes. Certains vont même jusqu'à critiquer les auteurs qui montrent une méconnaissance patente des thèmes utilisés : violation du code des ninjas dans Naruto, ou des objets non sorciers introduits dans Harry Potter.
Pour aider les auteurs qui veulent coller avec le maximum d'exactitude au 'canon', il existe des sites de référence sur les œuvres qui donnent tous les détails sur les personnages secondaire, la chronologie de l'histoire la typologie des lieux présentés (par exemple l'Encyclopédie Harry Potter).
Des lecteurs exigeants sur la forme et sur le fond
Une fois l'émerveillement de la découverte de la fanfiction passée, les lecteurs au fil de leurs lectures deviennent plus exigeants. Ils vont ainsi rechercher des textes sans trop de fautes et au style correct, et vont tenter de trouver des histoires qui s’éloignent des clichés repris par les auteurs les moins aguerris.
Cette exigence va pousser les auteurs à relire leur texte, à chercher des thèmes qui ne sont pas trop exploités ou une idée qui renouvellera l'intérêt pour une intrigue déjà vue.
Les formes de contrôle
L'auteur peut recevoir des encouragements ou des injonctions à s'améliorer de deux manières : en ayant un relecteur qui contrôlera son texte avant qu'il ne soit publié ou par les commentaires envoyés par les lecteurs après qu'il ait été rendu public.
La beta-lecture
Pour éviter de poster des textes avec des fautes ou des coquilles, il est devenu courant que les auteurs recherchent un relecteur qui améliorera leur prose avant qu'elle ne paraisse en ligne. Si la confiance est là, le relecteur peut également faire remarquer les incohérences de l'intrigue, les erreurs par rapport à l'œuvre exploitée ou donner des idées pour la suite.
On appelle ces partenaires des 'beta-lecteurs' car ils sont les seconds à avoir connaissance du texte.
Il n'est pas rare que les sites de publication organisent la rencontre entre auteurs et correcteurs bénévoles par l'intermédiaire de leurs forums. Souvent des lecteurs vont eux-mêmes proposer leurs services à un auteur qu'ils apprécient et dont ils voudraient rendre le texte encore plus parfait, à moins que ce ne soit l'auteur qui demande à ses lecteurs si l'un d'eux est intéressé par cet office.
Les commentaires (les reviews)
Les commentaires que les lecteurs peuvent laisser pour chaque chapitre publié jouent un rôle central dans la publication sur Internet.
Encourager et promouvoir
Comme nous l’avons vu plus haut, une fanfiction se publie en feuilleton. C’est ainsi que, tout au long de la publication, les auteurs sont soutenus et ont des preuves tangibles qu’ils ont été lus et appréciés. Dans notre société qui valorise particulièrement la célébrité, c’est un moteur très puissant pour persévérer. Cela transforme l'exercice parfois fastidieux de la rédaction en outil pour accéder à la consécration auprès de ses pairs.
Cela permet aussi d'entrer en contact avec des personnes qui partagent le même intérêt et qui, par leur présence même virtuelle, vont encourager à continuer et ne pas abandonner l'histoire en route.
Les lecteurs sont aussi attentifs au nombre de commentaires laissés sur une histoire. Quand ils ont le choix entre des dizaines de récits, certains commencent par ceux qui semblent populaires en espérant que c'est dû à leur qualité (même si en réalité, ce n'est pas toujours vrai).
Pousser l’auteur à s’améliorer
Les lecteurs peuvent ainsi pousser l'auteur à corriger ses fautes, donner des pistes d'amélioration, proposer des idées pour la suite. Ils jouent ainsi un rôle de formateurs auprès des auteurs débutants. Parfois, les critiques sont dures mais quand elles sont constructives, elles peuvent beaucoup apporter.