Chroniques drolatiques de Zakath Nath

La Mort dans Harry Potte

Le chaudron bouillonne
Par Zakath Nath

Pas très gai, comme sujet, je sais...

Même si la série Harry Potter n'est pas particulièrement morbide, elle décrit le passage d'un enfant à l'âge adulte, avec tous les enseignements que cela implique y compris l'apprentissage de la mort. Comme de plus l'histoire se déroule dans un climat d'entre deux guerre tout d'abord, puis de guerre dans la deuxième partie du cycle, la mort est finalement un peu trop présente autour d'Harry Potter.

La mort fait précocement partie de la vie de Harry

Dès le premier chapitre, le héros se retrouve orphelin, à l'âge d'un an. Les circonstances de la mort de ses parents lui sont cachées tout d'abord par son oncle et sa tante, qui disent que ses parents ont été tué dans un accident de voiture. Ce n'est qu'en apprenant qu'il est un sorcier qu'Harry découvre que ses parents ont été assassinés, et il n'y a pas beaucoup de détails (les explications pourquoi ou comment restent très vagues). Si la mort a été très tôt présente dans la vie d'Harry, ce n'est qu'en arrivant à Poudlard qu'il la découvre vraiment.

Au cours de sa scolarité, il rencontre des fantômes d'anciens sorciers, mais cette présence de la mort autour de lui ne le dérange pas. Pour lui, les fantômes sont des créatures magiques au même titre que les gobelins, les trolls, etc: ils font partie du monde merveilleux qu'il découvre et il ne se pose pas de questions dessus. Ni vivants ni morts, les fantômes ont leur importance dans l'histoire: Nick Quasi-sans-Tête l'aide parfois et Mimi Geignarde s'avère détenir la réponse de l'emplacement de la Chambre des Secrets (on se demande d'ailleurs pourquoi personne avant Harry n'a pensé à lui poser la question alors qu'on savait qu'elle était la victime du monstre de Serpentard, mais passons).

Dès sa première année, Harry doit refaire face à la mort, puisqu'il affronte à nouveau Lord Voldemort, privé de corps mais toujours vivant (encore un personnage coincé entre la vie et la mort, même si ce n'est pas d'une façon "naturelle" comme les fantômes mais dûes à des expériences de magie noire faite sur lui même en déchirant son âme). L'instrument du retour de Voldemort, Quirell, ne survit pas à l'affrontement, même si Harry n'est pas témoin de sa mort, étant inconscient (à la différence du film, du coup bonjour l'incohérence pour le film 5...)

Harry découvre plus tard pourquoi il existe des fantômes alors que d'autres ne reviennent pas, dans le livre 5. Nick Quasi-sans-Tête lui explique que les fantômes sont ceux qui ont eu trop peur de la mort pour l'accepter quand elle est venue, et sont donc resté en arrière. Ils ne savent donc pas ce qu'est vraiment la mort, et restent bloqués dans le monde des vivants sans pouvoir en faire vraiment partie.

Dans le livre 6, Harry découvre d'autres sortes de non-morts, les Inferi. Il s'agit, contrairement aux fantômes, de personnes vraiment mortes dont le cadavre a été ranimé. Il ne reste donc rien de leur personnalité, ce sont seulement des marionettes à la solde de Voldemort.

Réaliser ce que signifie la mort

Il faut attendre le tome 4 pour qu'Harry voit véritablement quelqu'un mourir (et non plus au travers de rêves ou de souvenirs) lorsque Cedric est tué sous ses yeux. Le choc est tel qu'Harry mettra un moment à réaliser que son camarade est bien mort. Il le sait objectivement, mais n'en a réellement conscience que plus tard, lorsqu'il s'avère capable de voir des Sombrals, créatures ressemblant à des chevaux invisibles pour ceux qui n'ont vu personne mourir. Normalement, Harry aurait dû les voir dès la fin du tome 4 lorsque les Sombrals tirent les diligences le ramenant au train (jusque-là, il pensait qu'elles avançaient par magie) mais il ne les voit qu'à la rentrée du tome 5, le temps qu'il encaisse le choc et accepte la réalité. (Et c'était aussi un moyen pratique pour JKR de ne pas introduire de nouvelles créatures dans les dernières pages du 4, mais encore une fois, passons...)

La mort dans le tome 5 est celle qui aura fait couler pas mal de larmes chez certains, puisque c'est un personnage assez populaire, Sirius Black, qui y passe. Cette mort est brutale, bête, et en même temps réaliste: on voit alors que quand quelqu'un meurt, on a pas forcément le temps de lui faire des adieux en bonne et dûe forme, qu'un instant il est là, puis c'est fini et il n'y a plus rien à faire. Cette mort abrupte a été reniée par pas mal de fans qui voulaient absolument croire à un retournement de situation, mais JKR a été formelle, quand on est mort, on est mort.

Même chose dans le 6 où le mentor de Harry y passe à son tour, dans des circonstances restant discutables jusqu'au tome 7 (il se savait visiblement en bout de course, s'est-il donc sacrifié avec la complicité de Rogue ou a-t-il été complètement trahi). Cette mort, même si elle est aussi brutale, est différente de celle de Sirius. Tout au long du livre, on voit Dumbledore transmettre son savoir et ses valeurs à Harry, en faisant le dépositaire. Au début, il rassure Harry en lui disant de ne pas avoir peur, qu'il est à ses côtés. À la fin, c'est l'inverse, Dumbledore confie ne pas avoir peur car il est avec Harry. On a donc un passage de témoin très clair.

Quelle vision de la mort ?

Toute l'histoire tourne également autour de la vision qu'ont Dumbledore et Voldemort de la mort. Voldemort rêve de devenir immortel, car il a peur de la mort plus que tout. Pour lui, l'immortalité doit être physique (avoir un corps) au dépends de son âme: pour y parvenir, il mutile celle-ci, devenant de moins en moins humain.

De son côté, si Dumbledore n'a rien de suicidaire, il semble ne pas craindre la mort, mais la considérer comme une grande aventure dans laquelle il se lancera le moment venu (ce qui rend d'autant plus invraisemblable le fait qu'il supplie Rogue de l'épargner). La mort est une chose naturelle, il ne faut ni la chercher ni la fuir.

On voit donc que la mort physique est définitive, même si Harry pense par moment qu'on peut la contourner pour revoir les personnes aimées: il espère que son parrain deviendra un fantôme et est sur le coup désespéré que celui-ci ait "continué le voyage vers l'inconnu". Il se réfugie un moment dans les rêves en contemplant le miroir du Rised où apparaissent ses parents, avant que cela ne manque de le rendre fou.

Mais si on ne peut pas rendre vie aux morts, on voit que ceux-ci, d'une certaine manière, peuvent rester vivants, et pas seulement grâce au priore incantatem reflétant les sortilèges précédemment lancés, ce qui permet aux "empreintes" des victimes de Voldemort de sauver Harry un bref instant avant de disparaître.

On voit dans le tome 3 que lorsqu'Harry doit conjurer un Patronus pour se protéger des Détraqueurs, celui-ci adopte la forme de son père en tant qu'Animagus, un cerf. Car Harry a un peu de son père en lui. Dans le tome 6, lors de l'enterrement de Dumbledore, Harry reprend les paroles dites par le vieux sorcier des années auparavant à propos de son départ de l'école: "il ne sera pas vraiment parti tant que quelqu'un lui restera fidèle". D'autant que Dumbledore est associé jusqu'au bout à un phénix, animal immortel. Tant que quelqu'un perpétue le souvenir de Dumbledore, transmet ses valeurs, il reste vivant.

Si la mort physique est donc inévitable, il est toujours possible de rester vivant symboliquement, de façon spirituelle. Mais ça, Voldy ne l'a toujours pas compris...

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Dernière modification de la page : 16/12/2022