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La fanfiction dans Gundam Wing

Par Arlia Eien

Introduction

Ceci est une typologie adaptée à la fanfiction en général, ici appliquée à l’univers de Gundam Wing et discutée. Mon avis transparait forcément à travers ces lignes, j’essaye néanmoins d’être la plus objective possible et d’ouvrir des idées et non pas de tout fermer. Des histoires qui m’ont plu à lire sont citées en exemple quand cela s’y prête. J’ai surtout lu de la fanfiction Gundam Wing entre 2006 et 2010. Néanmoins, j’ai lu la quasi-intégralité de ce que j’ai trouvé antérieur à 2006, et j’ai continué à lire ponctuellement (même si ces lectures sont très ponctuelles depuis 2012). Le ralentissement important de publication sur ce fandom depuis ma période de lecture est également une donnée à considérer.

Plusieurs points qui portent à la controverse seront abordés. Dans un premier temps, je parlerai de la perception que j’ai des univers alternatifs. Dans un second temps, j’évoquerai la question de « l’out of character ». Enfin, j’exposerai les contraintes que posent les personnages originaux.

Les Univers Alternatifs (UA)

Un Univers Alternatif, est un univers distinct et autonome, tel un univers parallèle à celui de l’histoire d’origine. Cet univers résulte de choix plus ou moins décisifs quant à l’évolution de l’histoire : ajout, retrait, modification d’évènements. Ces choix peuvent être les choix des personnages, mais aussi des choix d’une plus grande influence concernant la politique, la géographie, le climat, la technologie. Des mélanges d’univers entre eux sont aussi possibles. En bref, il existe différentes sortes d’Univers Alternatifs, ce terme est très subjectif, et il existe des sous-catégories qui parfois ont leur propre nom.

Universe

Le principe de l’Universe est comme son nom l’indique de conserver l’univers du fandom. Pour Gundam Wing, cela signifie essentiellement conserver la chronologie AC, dans de nombreux cas, il y a une utilisation consciente des Colonies Spatiales, même si elles sont peu utilisées comme lieu d’action. Le pays de Sank est également un lieu d’action privilégié. On peut faire évoluer dans cet univers conservé les personnages de la série, des personnages originaux, ou bien les deux.

Ces universe peuvent être assez légers, par exemple dans Bishonen sur commande (Berarlianie), l’action est principalement située dans le royaume de Sank. Ce pays est utilisé comme un royaume imaginaire et c’est surtout le côté « futuriste » de l’univers qui est retenu. Les personnages de la série sont conservés ainsi que les liens entre eux (Heero et Duo sont des humains créés « sur commande » par leurs mentors J et G dans la série, ils sont d’ailleurs commandés respectivement par Relena et Hilde, Relena étant la princesse du royaume de Sank, etc.).

Dans Ombre et lumière (Shakes Kinder Pinguy), l’univers utilise les Colonies spatiales de la série. Si l’action se déroule à Sank, plusieurs personnages sont clairement colons (Heero vient de L1, Quatre de L4). Le thème majeur de l’histoire est l’exploitation faite des New Types. Les New Types ne sont pas mentionnés dans la série, mais le sont dans d’autres documents officiels tels que le manga Episode Zéro. Un New Type est un humain qui a évolué du fait de sa naissance et des conditions de vie dans l’espace. Quatre Raberba Winner est d’ailleurs un New Type, son Uchuu no Kokoro (littéralement Cœur du Cosmos) est en fait un pouvoir d’empathie. On soupçonne également Heero d’être peut-être un New Type du fait de sa grande force physique et de sa résistance. Le thème est dans Ombre et lumière très développé et son auteur a créé une vraie description de ce que pourrait être les New Types.

Timeline, What Timeline ? (TWT)

Bien plus proche de l’œuvre originale (en théorie), le TWT — Chronologie ? Quelle chronologie ? — est souvent le résultat d’un « et si… » posé par l’auteur. L’ordre des évènements est altéré, certaines parties de l’histoire originale sont ignorées, accélérées, ralenties, pour les besoins de la narration. Par exemple, pour créer un « temps mort » artificiel dans lequel poser une histoire. Les contraintes de la série sont donc bien plus présentes. De fait, la quasi-intégralité des histoires se déroulant pendant la guerre est des TWT au vu de la chronologie extrêmement serrée et des nombreuses dates précises de l’histoire originale. En se libérant de certaines contraintes de la série, des personnages originaux peuvent ou doivent apparaître pour les besoins du scénario.

Parmi les TWT, on trouve plusieurs types d’histoires. On trouve par exemple les schoolfic, souvent assez clichés, qui comme leur nom l’indique, se passent dans une école. À l’image d’Heero et Duo dans la zone JAP ou bien d’Heero et Quatre à Sank, les pilotes au vu de leurs âges se font passer pour des lycéens ou étudiants. Cela peut offrir des contextes fixes, hors de la clandestinité, pour développer une relation entre personnages. De par le contexte, il est évident qu’il doit y avoir des personnages originaux.

Il existe bien d’autres TWT. Tous les ajouts de missions sont par définition des TWT. Il peut s’agir de missions d’infiltration comme celles de Trowa, mais aussi d’une mission de destruction d’une base un peu comme celle d’Heero dans la zone JAP lors des premiers épisodes. Il y a bien sûr les attaques de Gundam (qui sont très loin d’être les plus courantes, sans doute de par la difficulté de rendre de tels combats à l’écrit). Il existe aussi les récits de capture (comme celles sur la Base Lunaire), avec parfois les tortures, mais également le sauvetage et la convalescence. Mimi Yuy, par exemple, a écrit énormément d’histoires correspondant à cette description, entre autres, Desintox, qui narre la désintoxication de Duo Maxwell, drogué et rendu dépendant par OZ lors d’une capture pour augmenter son endurance à subir des tortures, ou encore Chimnoku, du même auteur, qui cette fois retrace la dangereuse mission, la capture de certains pilotes, les tortures et finalement un dénouement différent de celui de la guerre de la série.

Il peut encore exister d’autres types d’histoires s’accrochant plus ou moins à la trame. Dans tous les exemples cités ci-dessus, il y a néanmoins deux grandes catégories d’histoires : celles qui peuvent s’intégrer dans la série sans en changer la fin, et celles qui impactent de façon importante la série au point d’en changer la fin. La seconde catégorie est bien plus un « Univers Alternatif » que la première.

Un monde alternatif

Cette possibilité n’a pas de nom officiel, ainsi je vais expliquer directement ce que j’entends par « monde ». L’univers n’est pour le coup pas respecté, les personnages sont donc projetés dans un monde avec de nouvelles règles qui la plupart du temps sont facilement accessibles au lecteur, car provenant de mondes et cultures qu’il connait déjà : conquêtes spatiales hors Colonies des points Lagrange, vampires, loups-garous et surnaturel en général, croisades et royauté, fantasy, western…

Certaines histoires sont totalement délocalisées de par leur contexte, c’est notamment le cas lorsque le monde utilisé vit dans une époque particulière (le western et le moyen âge), les personnages perdent donc un certain nombre d’éléments qui les ancrent dans l’univers AC et qui font qu’ils sont eux. Terre de l’Ouest est un rare exemple de réussite de personnages qui restent eux-mêmes par rapport à leur comportement dans la série.

D’autres recréent un monde AC différent, et sont donc en sus des Universe, c’est par exemple le cas d’une histoire comme We are made of dust after all (Wagashi-san), où le AC « Après la Colonisation » devient « Après la Croisade », il est notamment question de vampires et de chimères, sorte de fantômes, avec une ambiance de guerre qui monte importante.

Le surnaturel prend aussi forme dans l’univers AC, les vampires ont été par exemple utilisés dans le cadre de la série (en utilisant un TWT à divers degré). Le Projet (Katoru87) met en scène un Heero et un Duo vampires qui malgré leurs conditions exécutent des missions à peu près assimilables à celles de la série. Le personnage de Duo Maxwell par son surnom de Shinigami, l’apparence et le nom de son Gundam DeathScythe est la principale source d’inspiration de tels scénarios et est parfois démon, vampire ou nécromancien.

Dans The Werewolf (Asuka), Heero est mordu par une bête étrange au retour d’une mission. Suite à cet évènement, il devient agressif, asocial, jusqu’au jour où il se transforme. Au cours de l’histoire, d’autres personnages se transformeront, la source de ce mal étant Heero (blessures accidentelles, salive, sexe...). Bien qu’incomplète, cette histoire fait partie de celles qui ont le mieux intégré des créatures à l’univers AC.

Le Cross-Over (X-Over)

Le Cross-over est un tout autre exercice. Son principe est simple en théorie, l’auteur choisit un ou plusieurs autres anime, manga, livre, film, etc. qu’il apprécie et il mélange les éléments. Les personnages d’un univers peuvent alors aller dans l’autre et y évoluer (Heero Yuy devient sorcier à Poudlard, etc.), ou bien rencontrent les personnages du monde d’origine de cet univers (Heero Yuy rencontre Harry Potter à Poudlard, dans l’univers AC, Poudlard peut être institué dans l’univers AC, etc.). Il y a assez peu d’exemples dans Gundam Wing. J’ai eu vent de quelques Cross-over Gundam Wing / Harry Potter.

Il existe une autre sorte de Cross-over, plus cachée et jamais étiquetée en tant que tel. Son principe est d’échanger les personnages d’un film avec ceux de Gundam Wing, ensuite le scénario du film est plus ou moins respecté. Il est évident qu’avec un tel échange il y a énormément de chances de « perdre » les personnages originaux puisque leur rôle n’est pas taillé sur mesure et correspond à un personnage qui avait un vécu, une apparence, et un caractère parfois très différent.

L’ancrage dans la réalité

Une dernière catégorie d’UA existe, elle aurait pu être décrite dans les « mondes alternatifs », cependant, en raison du grand nombre d’histoires et de leurs spécificités, il semble opportun de leur consacrer une catégorie. On parlera ici des fanfictions dans lesquelles le monde utilisé est le nôtre, un monde actuel typique de la France de la décennie 2000-2010. Il n’est alors plus du tout question de guerre ni des problématiques engendrées par le contexte très riche de Gundam Wing. Il existe alors relativement « peu » de scénarios possibles au vu de l’étendue de la diversité décrite avant. Un ancrage dans la réalité du quotidien, typiquement, correspondra au quotidien de l’auteur. Il s’agira donc d’une ambiance collège/lycée pour quelqu’un de cet âge, éventuellement universitaire si l’auteur est un peu plus âgé, ou le monde du travail pour la plupart des adultes qui écriront des histoires avec ces contraintes spécifiques. On constatera que si dans la plupart des cas l’âge est de fait respecté par les auteurs, il est bien plus complexe, voire présomptueux, de prétendre respecter les caractères. En effet, en ne gardant que très peu d’évènements de la vie personnelle de chacun des personnages et en plus du contexte géopolique dont dépendent énormément de choses dans Gundam Wing, il parait invraisemblable que l’auteur puisse intégrer les personnages de la série tels qu’ils sont. On aura à la place des personnages ressemblants de près ou de loin, de par un vécu, ou un tempérament global. Il est évident que respecter les situations personnelles est très compliqué et conduirait à des choses invraisemblables appliquées à notre monde (quelle est la probabilité qu’il y ait trois orphelins du même âge dans une classe ? Ou qu’une famille ait 30 enfants, dont 29 bébés éprouvette ?). Il n’en reste pas moins que l’on perd énormément la substance des personnages, et donc de la série dans ce type d’univers.

De là, on peut se poser sérieusement la question d’en quoi une telle histoire est réellement une fanfiction ? Étymologiquement, bien que le terme soit anglais, fanfiction se traduit littéralement comme une histoire de fan, ou dit plus joliment, une histoire écrite par un fan. On s’attend logiquement à retrouver ce que le fan a aimé, ou ce sur quoi il s’interroge à propos du format originel. Après tout, l’auteur d’une fanfiction prend de son temps pour donner vie bénévolement à des personnages et un univers qu’il a aimé. Un « autre chose », ressemblant, pas forcément « mal », mais « autre chose », peut-il en toute logique porter le nom de fanfiction ?

Les univers alternatifs, des dérives vers l’écriture originale ?

Dans un premier temps, il est essentiel de souligner que toutes les sortes d’UA ne sont pas concernées ici. L’universe, le TWT, le Cross-over sont bien plus des exercices de créativité, des opportunités de faire autre chose qu’un éloignement au sens strict. Ici sont surtout concernés les mondes, et encore plus spécialement ceux avec un ancrage dans la réalité.

Il y a des raisons d’être bien sûr à de telles histoires, en voici deux principales, correspondant chacune à deux profils d’auteurs. Le premier profil est celui d’un nouvel arrivant, qui peut-être ne connait pas suffisamment bien l’univers, les personnages. Par méconnaissance, il se raccrochera donc à des idées reçues, aux apparences. Il est bien plus évident pour lui d’utiliser un monde qu’il connait bien — le nôtre — plutôt que d’appréhender les finesses du monde de Gundam Wing. Un certain nombre de ces auteurs, comme dit précédemment, aura aussi pour but de se rapporter à sa situation personnelle : école, vacances, problèmes logistiques, travail… ou à un thème qui le touche et qu’il n’aura pas pu ou voulu intégrer dans l’ère AC : violences familiales (Pourquoi, Catirella), anorexie, mutilation (Aiuto, Dstine)… Quelle que soit la raison, c’est une voie pour que l’auteur exprime des ressentis et idées qu’il ne saurait pas évacuer autrement, sauf peut-être dans un contexte de roman ou de nouvelle originale qui demanderait un lourd travail préalable afin d’introduire personnages, univers et enfin intrigue.

Le second profil est celui d’un auteur aguerri, qui a plusieurs histoires à son actif et qui sait être à l’aise avec l’univers et les personnages. Peut-être que les contraintes et de l'univers et des personnages l'ont lassé, ou bien qu’il aspire à travailler des thèmes différents. Ce passage par des histoires UA où le respect du personnage est parfois approximatif est un pas pour certains avant de justement écrire leurs propres histoires avec leurs univers et personnages. C’est une envie totalement légitime pour un auteur. Écrire une fanfiction et écrire une histoire originale étant un exercice assez différent et qui n’a pas les mêmes gratifications. Ce passage d’ailleurs ne se fait parfois pas, tout simplement, car les histoires originales sont souvent moins lues, et donc commentées et l’auteur encouragé à persévérer que dans le cadre des fanfictions. Incitant malheureusement des auteurs à persévérer dans l’écriture de fanfictions de plus en plus éloignées de l’histoire de Gundam Wing, mais aussi des personnages dont les personnalités diffèrent de plus en plus. Dans ce cas, les personnages peuvent devenir méconnaissables ou simplement « autre » que ce qu’ils sont dans la série, on dit alors qu’ils sont Out Of Character.

« Out Of Character » (OOC)

Out of character signifie littéralement « en dehors du personnage ». Cet acronyme est utilisé pour qualifier un personnage qui serait hors canon. On dit d’un personnage, d’une attitude, qu’il respecte le canon s’il est effectivement conforme à l’histoire originale. Est canon ce qui est assez ressemblant pour correspondre parfaitement au comportement prévisible d’un personnage. Par abus de langage, le personnage lui-même, voire la fanfiction, peuvent être dits canon. Au vu d’une telle description et des restrictions sous-jacentes, c’est-à-dire que ce qui serait parfaitement canon est ce qui est dit et décrit par les créateurs, on peut se rendre compte que fatalement, tous les auteurs feront de l’OOC, mais tout le monde n’en fait pas au même niveau.

L’OOC-IC (in character)

L’auteur qui connait Gundam Wing (au moins la série qui par définition en tant que premier support est « le » canon) a sa propre vision des personnages. Chacun étant unique dans sa façon d’être, de comprendre, d’analyser, mais aussi dans ses goûts et son expérience, il est évident que l’analyse et la compréhension de chaque auteur sont non seulement différentes de celles de ses pairs, mais aussi de celles des créateurs. La conséquence immédiate est que les personnages sont forcément différents de ceux de la série et qu’il est donc impossible de faire de l’IC (In Character) à moins de faire partie des créateurs originaux (et encore, ce point sera abordé plus loin).

Après, il est évidement possible de faire des personnages « pas trop OOC », il suffit de rendre sa vision exacte des personnages dans la fanfiction pour peu que cette vision soit un minimum objective avec tous les personnages. Non, Heero n’est pas un robot, non Duo n’est pas un guignol, non Trowa n’est pas muet, non Quatre n’est pas un ange, non Wufei n’est pas un excité de service, et enfin, non Relena n’est pas une bêtasse. Toutes ces descriptions extrémistes ont malheureusement existé, et ont été écrites de façon plus ou moins justifiée, de façon plus ou moins fine et avec plus ou moins d’honnêteté intellectuelle. Apporter ses idées concernant les personnages est bien entendu positif et permet de se renouveler, d’ouvrir de nouvelles relations, de nouvelles problématiques, et donc de créer quelque chose de neuf quand cela est fait dans des proportions convenables.

L’OOC automatique ou normalisé

L’auteur sait qu’il fait de l’OOC. Il change radicalement le caractère d’un ou plusieurs personnages en s’appuyant ou non sur une facette de sa personnalité ou un évènement majeur qui l’amènerait à évoluer (traumatisme, changement de camp, etc.). Tout cela est fait dans un but purement scénaristique ou pour permettre des relations différentes entre personnages. Par relation on entend bien sûr amitié et amour (bien que les relations amoureuses soient sciemment inexploitées dans le canon), mais aussi de haine, d’indifférence, de jalousie, de concurrence… ce sont d’ailleurs des émotions et motifs aussi puissants que l’amitié ou l’amour dans certaines circonstances.

Une personne peut également faire sciemment de l’OOC dans le cadre d’un délire ou d’une parodie, ce qui ne pose alors aucun problème, à charge que ce soit drôle. L’OOC conscient est également courant dans le cadre d’UA, car sans rien pour cadrer les personnages, on se retrouve peu à peu à changer les caractères, puis les personnalités. Plus l’Univers Alternatif est éloigné de la série, plus garder les personnages IC sera compliqué et source de questionnement pour l’auteur.

Un OOC très courant et pratique est celui qui met en scène un Heero Yuy fort et dominateur avec un Duo Maxwell plus faible et sous son influence (attention, je ne parle pas de sadomasochisme, mais bien de relationnel et de personnalité). Heero est pourtant un des personnages les plus fragiles mentalement, surtout après la guerre, mais également pendant la série comme le montrent ses nombreuses pertes de consciences qui ne sont pas toujours justifiées par des blessures ou chocs physiques lors du combat. A contrario, Duo est quelqu’un qui continue à vivre malgré tout ce qu’il a traversé, et qui semble le mieux se réadapter à la fin de la guerre. C’est un enfant qui a grandi sans parents, et si l’on omet l’année passée à l’église Maxwell, sans adultes pour poser des règles. Cela a fait de lui quelqu’un de très décidé et indépendant, donc qu’on ne verrait pas du tout comme quelqu’un de soumis à un autre. Pour Heero, cela provient certainement de son apparence froide et renfermée, et de la détermination dont il fait preuve au combat. Cependant, être déterminé et dédié à sa mission ne le rend pas plus à l’aise pour gérer ses problèmes personnels en temps de paix, lui élevé comme un enfant soldat qui a toujours reçu des ordres. Pour Duo, c’est plus bas que ça. Son apparence souriante doit jouer, tout comme la natte, mais il est certainement plus juste de soupçonner une identification de l’auteur (qui est une femme dans l’immense majorité des cas) soit à cette apparence de soumission que l’on prête à Duo, ou au contraire une identification à Heero dans le cas de caractère plus affirmé de l’auteur.

L’OOC automatique ou normalisé

Ce titre correspond bien plus à une attitude qu’à un véritable sous-genre. L’auteur sait qu’il fait de l’OOC (au moins jusqu’à un certain point), mais cela ne signifie rien pour lui. Peu importe l’histoire, les personnages seront OOC. Il pourra s’agir du même OOC sur les mêmes personnages ou au contraire des OOC différents selon le contexte. Dans le premier cas, on peut penser que l’auteur préfère sa vision de la série, ou commet certaines erreurs d’interprétation en toute bonne foi. Il peut s’agir également d’un OOC conscient qui à force de reprise deviendra malheureusement automatique. Dans le second cas, l’auteur cherche évidemment à s’amuser ou bien cherche à privilégier le scénario en dépit des personnages.

Au regard de ce type d’OOC, qui est par définition éloigné de la série et systématique, on peut se poser plusieurs questions légitimes. L’auteur connait-il la série ? Peut-on le qualifier de fan ? La première question peut surprendre, et pourtant elle fait sens, surtout sur le fandom de Gundam Wing. En effet, Gundam Wing a été un fandom extrêmement vivant, nombre d’histoires publiées, et donc commentées, donc attirant pour les auteurs potentiels. Il faut savoir que Gundam Wing a été en réalité très peu diffusé en France. La série a été créée en 1995 au Japon, et a été diffusée 5 ou 6 ans plus tard aux États-Unis. En France, la première diffusion a eu lieu en 2001 sur Cartoon Network (chaine du câble). Il y a eu une seconde diffusion par après sur M6 qui a passé uniquement la saison 1 en version française (dont on pourrait longuement discuter la qualité et la justesse). Les premières Françaises à s’essayer à la fanfiction sur Gundam Wing ont donc pour beaucoup connu la série dans d’assez mauvaises conditions, si elles étaient clairement fans, il est évident qu’avec une série si complexe (et dont seulement la moitié a été diffusée sur une chaine publique) de nombreux détails étaient perfectibles. Ce sont leurs histoires qui sont le socle du fandom francophone. Par la suite, tous les nouveaux auteurs sont soit arrivés en ayant vu des épisodes par hasard par exemple sur MCM Belgique, soit en ayant lu des fanfictions. Si certains se sont ensuite intéressés véritablement à la série et tout ce qui l’entoure, une majorité de nouveaux auteurs s’est contentée de descriptions lues sur des sites internet ou bien de ce que présentaient les fanfictions. Il semble de là inévitable que l’auteur fasse de l’OOC systématique. Il est difficile de répondre de façon tranchée quant à la question de savoir si ce type d’auteur de fanfiction peut être qualifié de fan. La première réponse évidente est que non, sans connaitre, on ne peut pas être fan et faire vivre l’univers et les personnages tels qu’ils sont réellement. Cependant, pour que certains s’investissent dans l’écriture de nombreuses histoires, parfois de la longueur de romans, c’est qu’il y a bien une passion, une affection particulière pour Gundam Wing, même si c’est pour une version vu sous le prisme du regard des autres. S’ils ne sont pas fans de la série, ils sont certainement fans du fandom et des fanfictions Gundam Wing.

L’OOC d’apparence

Jusqu’à présent, seule la personnalité des personnages était évoquée. Mais qu’en est-il de leur physique ? Il existe des auteurs qui modifient le physique d’un personnage parce qu’il ne convient pas à leur goût personnel. On retrouve donc « Heero » avec trois piercings, un tatouage et les cheveux rouges… Des versions extrêmes de ce genre sont assez agaçantes, car elles sont criantes d’une méconnaissance du personnage et dans certains cas on n’est pas loin de l’irrespect. Si la vision d’un tel Heero est séduisante, l’auteur qui publie s’est-il posé la question de savoir que le véritable Heero, celui que les gens ont aimé, c’est celui qui se fiche de son apparence, qui garde ses cheveux brun naturel et porte ses baskets jaunes parce qu’il les trouve confortables, fonctionnelles, ou tout simplement parce qu’il aime le jaune ! Il y a des éléments d’un autre type qui peuvent être agaçants. Par exemple, Duo et sa natte. Dans toute la série, tous les mangas, ses cheveux sont coiffés en natte jour et nuit. On apprend dans l’Episode Zero combien sa natte est importante pour lui puisque c’est un souvenir de Sœur Helen qui s’est occupée de lui à l’église Maxwell. Et pourtant, on ne compte plus les Duo coiffés avec une queue de cheval, la plupart du temps pour aucune raison en particulier.

Il y a parfois des changements physiques justifiés par le scénario. Pour le plus extrême, c’est le changement de sexe d’un des pilotes (souvent Duo, mais pas que). Cela se justifie rarement bien, mais il existe cependant des histoires réussies concernant des changements de sexe. Par exemple Boys to be boys to be girl (Kineko) est une histoire divertissante dont le ressort scénaristique final est que Duo est en réalité une fille (biologiquement et donc depuis le début de la série).

Il y a bien entendu une multitude de changements bien plus mineurs. On connait les pilotes et quelques autres personnages à un âge où on est presque certain qu’ils changeront physiquement du fait qu’ils vieilliront ou en conséquence de la guerre. On peut par exemple se poser la question de la calvitie pour les garçons. Et qui dit que Quatre ne finira pas totalement myope ? Après tout, il porte des lunettes quand il pilote, outre le symbole de ces lunettes pour les Maganacs, aurait-il un trouble de la vue qui ferait qu’il porte des lentilles de contact ? Les auteurs sont libres de poser ce genre de questions et d’y répondre en histoires.

L’OOC dans les supports « officiels »

Cette idée semble inconcevable. En effet, si les créateurs décident de donner une information ou de créer un nouveau support, une nouvelle intrigue, ils devraient être par définition conformes au canon, le canon-même. Pourtant, sur Gundam Wing ce n’est pas si évident. On retrouve dans un premier temps le problème de toutes les séries, mangas à succès qui sont déclinés dans un autre format dans un but commercial. Fait important, Gundam Wing a été une série animée avant d’être un manga. Cette adaptation en manga a considérablement raccourci l’histoire de la série. Les neuf mois de guerre et 49 épisodes devenant trois tomes au format poche. Au vu de ce raccourcissement majeur, on peut mettre en doute la pertinence de cette adaptation et par là même sa conformité au canon, quand bien même des membres du staff qui ont travaillé sur la série auraient participé ou supervisé.

Les OAV Endless Waltz ont été peu après remastérisés en film. Cela a eu pour conséquence de modifier le découpage, l’ordre de quelques séquences, l’ajout de quelques rares autres et des portions de la bande originale ont été modifiées. Les OAV ont ensuite été adaptés en un manga d’un volume format poche. On retrouve ici le problème des formats multiples pour une même histoire.

Mais ces problèmes communs à toutes les séries ou mangas à succès ne sont pas les seuls à exister pour Gundam Wing. Pas moins de trois mangas différents et incompatibles ont été publiés pour la période qui couvre la fin de la guerre jusqu’au putsch. Battlefield of pacifist est un manga créé par le même staff que celui qui s’est occupé des adaptations mangas. Il est d’une qualité équivalente à ses prédécesseurs et conserve une neutralité conforme à ce qu’on peut voir dans la série. Blind Target était originellement vendu comme un double CD, mais a aussi été adapté en manga. Il a été créé par une partie seulement du staff et a le défaut selon moi d’être très partial. Une relation amoureuse est en partie développée entre Heero et Relena, et à part Trowa qui est valorisé de par le retour dans sa vie de mercenaires qu’il a connus enfant, tous les autres pilotes sont mis d’une certaine façon sur la touche, servant au mieux de coursiers. Blind Target étant supposé antérieur à Endless Waltz, la différence de ton et la partialité sont d’une certaine façon problématiques. Enfin, Ground Zero, le troisième manga, est le gagnant d’un concours amateur auquel les créateurs n’ont bien entendu pas participé. De fait, son contenu ressemble bien plus aux créations des fans que les autres mangas. Cela ne nuit pas à sa qualité, mais on peut légitimement se demander quelle place laisser à cette œuvre publiée avec l’autorisation des créateurs, mais à laquelle ils n’ont participé ni de près ni de loin.

Enfin, en 2010, soit quinze ans après la diffusion de la série originelle, un roman a été écrit par une partie du staff : Frozen Teardrop. L’action se déroule vingt à trente ans après Endless Waltz. Cette suite est complètement inconnue de la communauté francophone, en grande partie car son succès n’a pas été assez important pour atteindre l’international. Ceci en dit long quand on sait que Gundam Wing, en tant que premier Univers Alternatif de la saga Gundam (action se déroulant dans l’Universal Century), a justement été créé pour faire connaitre la saga et les valeurs qu’elle porte au monde occidental. Objectivement, avec une ellipse de trente ans, il est évident que l’auteur peut tout se permettre. C’est bien là le problème. La communauté a eu l’opportunité de faire vivre les personnages et l’univers pendant quinze ans et s’est également éloignée de l’histoire et des personnages d’origine. Ce roman est tout simplement trop différent de ce à quoi les fans auraient pu s’attendre, et donc ce qu’ils auraient pu apprécier. Si du point de vue du background il y a énormément de choses intéressantes, elles sont évincées par des clichés qui font que le lecteur ne rentrera pas dans l’histoire. Entre autres faits : Heero cryogénisé à l’issue de la guerre, Duo et Hilde mariés, qui ont un fils qui s’appelle également Duo et qui visiblement a été mal éduqué, divorcent très peu de temps après et ils rentrent tous deux dans les ordres… Relena, Chef d’État du Royaume de Sank, Terrienne et vice-ministre des Affaires étrangères de la Terre devient le leader de la Fédération de Mars… Trowa prend le titre de Doktor T, Quatre d’Instructor W, Wufei de Master Chang, référence à leurs mentors respectifs pour lesquels ils n’avaient pourtant aucune affection et aucune admiration… Tous les personnages connus ont suivi des destins sans originalité, et les nouveaux personnages sont des quasi-clones de leurs ainés (Duo Maxwell II, Kathy Po fille de Sally, Trowa Phobos, Katherine Oud Winner clone de Quatre…). Milou et Naina Peacecraft, les enfants de Zechs et Noin sont également chacun le clone d’un de leurs parents. Dans de telles conditions, il est très difficile quand on est fan de la série et qu’on a possiblement spéculé sur la suite d’accrocher à l’histoire qui pourtant aurait pu être intéressante. L’éloignement de Frozen Teardrop d’avec la série originale, justifié par un changement majeur d’univers et le temps passé, est comparable à celui de certains Univers Alternatifs couplé à des personnages OOC. Les quelques nouveaux personnages sont en plus complètement clichés de par leur nom, leur apparence, voire même leur vie, alors qu’avec plus d’originalité, ils auraient pu avoir la même force que celle des personnages de la série et enrichir considérablement l’univers.

Autres personnages — Other Character (OC)

Il existe de très nombreuses sortes de personnages originaux. D’ailleurs, à moins de fonctionner en vase très clôt ou de se focaliser sur quelques personnages avec une action intimiste, il est obligatoire d’en créer. Ce seront les dizaines de figurants nécessaires parmi les civils, ou bien parmi les soldats ennemis. Il pourra également s’agir de nouveaux personnages majeurs dont l’arrivée impactera définitivement l’histoire ou sans lesquels il n’y aurait pas d’histoire, ces personnages pourront être des antagonistes ou bien de nouveaux protagonistes. Enfin, il y a le cas où le personnage a un statut de parent ou connaissance des personnages de la série.

Les Mary-Sue (ou Gary-Stu)

Commençons par ce qu’il se fait de pire parmi les personnages originaux : les Mary-Sue. Typiquement, ce personnage inconnu de tous est l’archétype de la jeune fille parfaite. Malgré un passé très difficile (elle est souvent orpheline), elle a toutes les qualités et tous les talents (sauf peut-être la modestie), surpassant plusieurs personnages de la série dans ce qui est pourtant leur spécialité. Elle a bien entendu toujours raison sur tout et est grâce à ou bien, à cause de ses talents, appelée à un destin grandiose et à une fin épique ou tragique. En plus de toutes ces capacités objectivement agaçantes autant pour le lecteur que pour les personnages de son entourage s’ils sont lucides et non en admiration, une Mary-Sue est généralement extrêmement belle, ce qui attire les regards de tous les personnages masculins s’en approchant à moins de dix mètres. Tous sont sous le charme, et surtout ceux que l’auteur trouvera séduisants…

Suite à cette dernière observation, il convient d’ajouter qu’une Mary-Sue ne s’appelle bien entendu jamais ainsi. Elle a un nom compliqué qui sera celui de l’auteur (pseudonyme), celui de sa célébrité préférée, ou sera complètement inventé, ne se basant sur aucun prénom réel. Ce personnage est donc la matérialisation fantasmée dans son histoire de l’auteur, un self-insert ou auto-insertion. Cela a plusieurs conséquences, pour le lecteur, le personnage sera encore plus antipathique que l’identification de l’auteur sera transparente, de l’autre, l’auteur de par la suridentification prendra de fait pour une attaque personnelle toute critique formulée au sujet de ce nouveau personnage. Gary Stu est bien plus rare, il s’agit de l’équivalent masculin de Mary-Sue. Un excellent exemple de Mary-Sue en action est Lève-toi et marche, le chapitre inédit, qui est un plagiat de Lève-toi et marche de Asuka et Kineko et qu’elles ont rudement commenté par la suite.

Les self-insert

Heureusement, les auto-insertions ne sont pas toujours ratées au point d’être insupportables pour tous à l’exception de l’auteur de l’histoire. Ce type d’histoire fait toutefois toujours peur à une majorité du lectorat qui veut avant tout voir les personnages qu’elle connait et non pas lire le détail des fantasmes des auteurs de fanfiction avec toute la part de relation amoureuse et de sexe que cela peut contenir.

Pourtant, si la majorité des gens sont durs et exècrent les self-insert et a fortiori les Mary-Sue, écrire un self insert correspond à des envies totalement humaines. La quasi-intégralité des auteurs passe par une phase (souvent à un jeune âge) où il aimerait simplement rencontrer les personnages qu’il adore, ou vivre ailleurs avec d’autres contraintes. Il y a cette envie d’aller jouer, de devenir ami, avec ces « gens » que l’on voit au loin et qui nous semblent sympathiques, à qui l’on voudrait ressembler, que l’on voudrait rejoindre, même si on sait très bien qu’il s’agit de personnages de fiction qui n’ont aucune existence physique. C’est encore plus vrai pour certaines jeunes filles qui trouveront plus craquants des personnages dont le physique peut évoquer celui de mannequins que celui des préadolescents et adolescents qu’elles voient tous les jours et qui ne les font pas rêver physiquement ni par leurs centres d’intérêt qui sont très loin de leurs préoccupations à elles.

Si les motivations sont donc complètement compréhensibles et la cristallisation sur les personnages quelque chose d’humain, il n’en reste pas moins que les self-insert ne font pas du tout l’unanimité pour les raisons déjà citées auxquelles s’ajoutent de nombreux risques d’OOC. Il est extrêmement compliqué pour l’auteur de se faire interagir avec des personnages qu’il contrôle également, le jeu est faussé. Les personnages du canon réagissent souvent en fonction du self-insert et forcément, du moment qu’il est question d’émotions et de sentiments, les personnages virent peu à peu à l’OOC.

Fréquence d’apparition des personnages originaux

Il existe une multitude de sortes de personnages originaux, selon le type de personnages et son utilité le temps d’apparition ne sera pas du tout le même. Dans un premier temps, les personnages invisibles. En effet, ce sont à peine des figurants. Il s’agira de groupes de personnes que l’on sait à un endroit : les passagers d’un métro, les lycéens d’une classe, un groupe de soldats non identifiés que l’on sait dans une base, etc. Ils apparaissent une ou deux fois dans l’histoire et sont voués à disparaitre. Tous les auteurs en créent régulièrement pour peupler l’univers de leur fanfiction.

L’anonymat des personnages définis en tant que groupe et typiquement par leur occupation à un moment donné rend impossibles les interactions avec les personnages de la série. C’est pourquoi l’on a recours à des personnages secondaires. Ces personnages secondaires auront un nom, une fonction, et enfin quelque chose qui les qualifiera par rapport aux personnages de la série. L’OC pourra appartenir à une « classe » déjà définie dans l’univers Gundam Wing, facilitant son insertion. Il pourra être un Sweeper (groupe auquel appartiennent le professeur G et Howard), faire partie du staff des équipes qui ont participé à la création des Gundams (comme Trowa avant qu’il soit recruté), il peut s’agir de camarades de classe de Relena (comme Kai), de soldats d’Oz (qualifiable ou non par rapport à un soldat connu qui sera son supérieur, son allié ou un concurrent), un colon engagé dans la White Fang, un des 39 maganacs autre que ceux dont on connait le nom, un résistant appartenant à un groupuscule connu (groupe de Sally en Chine, groupe de L2).

Il se peut aussi que le personnage original n’ait aucune de ces attaches, il sera du coup forcément civil. La rencontre de civils avec notamment les pilotes de Gundam n’est pas évidente puisque leur fréquentation leur est déconseillée sinon interdite, du moins dans la mesure où ces civils sauraient qui ils sont réellement. C’est une chose dont les auteurs ont conscience, ainsi, à part des camarades de classe non liés à Relena, il est très peu courant de voir des civils personnages originaux sur la période de la guerre.

De tels personnages originaux sont donc d’autant plus nombreux que le contexte de guerre s’éloigne. Cet éloignement peut être temporel (futur plus ou moins proche), ou bien dépendre de l’univers. En effet, dans les UA, au vu de l’absence d’ancrage on peut déduire que la quasi-intégralité des personnages originaux seront des civils qui formeront le nouvel entourage des personnages de la série. Il faut dans ce cas prendre garde à la place que prennent ces personnages originaux. Le risque majeur, peu importe leur qualité, leur potentiel sympathie, ou leur lien avec les autres, est qu’ils prennent trop de place par rapport aux personnages de la série. Pire, ils peuvent prendre au fil de l’histoire le premier rôle. Un personnage qui prend tant de place n’est pas forcément un self-insert, on peut néanmoins en conclure que c’est un personnage qui « vit » autant que les personnages de la série dans l’esprit de son auteur. Un personnage qui a besoin de tant d’espace, d’autant plus dans un UA, rend l’histoire bien plus proche d’une histoire originale que d’une fanfiction.

Les frères et sœurs

Ce type de personnage, rencontré régulièrement dans les fanfictions est un OC « type » au sens où le plus facile pour intégrer un nouveau personnage est de lui créer un lien (ici de sang) avec un personnage de la série. On peut notamment imaginer que Treize, Noin, Sally et bien d’autres pourraient avoir un frère ainé ou une sœur cadette.

Néanmoins, il faut être prudent avec ces membres de la famille en lien direct, certaines situations personnelles rendant l’apparition d’un frère ou d’une sœur complètement invraisemblable. Par exemple, Relena et Zechs Peacecraft tout comme Trowa et Catherine Bloom ne peuvent pas avoir d’autres frères et sœurs ! On en aurait forcément entendu parler. Par contre, tout est permis pour les cousins et cousines. Dans Enslaving Heero, Akuma a notamment inventé un personnage particulier (Harley) qui est très attachant et amusant et qui a un lien amical avec Heero, ledit Heero ignore totalement qu’il s’agit d’un parent de Relena Peacecraft. Pour Quatre, sa situation familiale est claire et connue, il a de très nombreuses sœurs ainées dont une seule est nommée (Iria Winner) et qui décède au cours de la série dans le même attentat qui tue leur père. Il reste pourtant possible d’avoir un personnage masculin qui a connu Quatre enfant, un cousin, un fils de domestique, un ancien camarade d’école, etc. Il faut néanmoins considérer que Quatre était enfant plus renfermé et solitaire qu’il ne l’est dans la série. Pour Wufei, le Chinois est enfant unique d’après ce qu’on peut voir dans l’Episode Zero. Si la politique de l’enfant unique a bien cours sur la colonie, cela impacte grandement des possibilités qu’il ait un cousin ou une cousine. On ne lui connaissait aucun lien amical particulier à l’époque de son mariage.

Un problème d’un autre type se pose pour Heero Yuy et Duo Maxwell : ils sont tous deux orphelins. Un orphelin, qu’est-ce que c’est ? C’est un enfant qui n’a ni père, ni mère, ni grands-parents, ni oncle ou tante qui peut ou veut prendre soin de lui. Bien sûr, biologiquement, il est complètement possible qu’Heero et Duo aient un frère ou une sœur, ou même un demi-frère ou une demi-sœur, mais quelle est la probabilité qu’ils reviennent en AC195 ? Qui plus est en ayant connaissance de ce lien ? Pour rappel, Heero a été sous la garde d’Odin très jeune, sans doute depuis qu’il a trois ou quatre ans, c’est un âge très jeune et il est probable qu’il n’ait aucun souvenir de ses parents. On peut également noter que l’on n’a jamais vu Odin prendre des précautions comme si Heero avait été enlevé et était recherché par la police. S’il a encore de la famille en vie, il semble qu’elle ne se préoccupe guère de son existence ou qu’elle soit trop jeune pour pouvoir agir ou ne serait-ce que se souvenir de lui. Par contre, on peut avoir en remplacement un ou une camarade qui aurait été entrainé avec Heero par le docteur J. Il existe des fanfictions où ils auraient pu être plusieurs enfants à être entrainés, avec toutes les conséquences qu’on peut imaginer pour qu’il n’en reste plus qu’un à la fin (Sang et Révélation, Totchou). Pour Duo, la situation est à peu près la même pour les parents de sang. Il a certainement été à la rue depuis ses trois ans, et s’il avait eu des frères ou sœurs en vie, il est probable qu’ils l’y aient accompagné. Or, aucune mention n’est faite d’un tel parent dans l’Episode Zero où Duo a sept ans. S’il a eu quelqu’un, cette personne est décédée avant AC187. Toutefois, il est possible que Duo puisse revoir par hasard un gamin ou une gamine rencontré dans la rue avant l’Église Maxwell (Cathy de Miss Colonie de Yami Aku). Du petit groupe qui se fait attraper par des soldats et qui est récupéré par l’Eglise Maxwell, plusieurs ont été adoptés par des familles (ce que Duo a pour sa part toujours refusé). Il est cependant impossible qu’un autre enfant resté à l’Église ait survécu, au vu des bombardements de l’Alliance.

Les fiancées

Ce type de personnage fait forcément peur, car il semble à première vue que ce personnage ne peut être qu’un self-insert ou pire une Mary-Sue. C’est d’autant plus vrai que trois des cinq pilotes (Heero, Duo, Trowa) sont comme nous l’avons vu juste avant, orphelins, et par conséquent, aucun engagement sérieux n’a pu être fait. Il est bien sûr envisageable que l’un d’entre eux (surtout Duo, à vrai dire) ait pu faire une promesse d’enfant du genre « quand on sera grand on se mariera », qui n’a presqu’aucune légitimité dans l’univers de Gundam Wing. Si le concept de fiancée fait sens dans le cas de Quatre et de Wufei, on peut rappeler que Wufei a été marié à Meiran et est veuf lors de la guerre. Il ne reste donc plus que Quatre pour qui un tel arrangement a pu être fait. Il est d’ailleurs courant de le voir après la guerre rattrapé par ses responsabilités en tant qu’héritier Winner, avec le poids de l’entreprise familiale. Dans ce cadre, il lui a souvent été attribué une fiancée (qu’il trompe plus ou moins allègrement), heureusement pour lui, ce n’est pas la majorité des cas.

Les renforts alliés

On trouvera au choix, des renforts amis des pilotes, les sixièmes pilotes et les groupes parallèles possédant des Gundams; chaque descriptif est plus ou moins crédible au vu de ce que l’on sait de Gundam Wing, mais tous soulèvent néanmoins cette même problématique de crédibilité. Petit rappel du contexte : une organisation privée militarisée, la Fondation Barton, souhaite projeter une Colonie Spatiale sur Terre dans le but de semer le chaos absolu, puis d’envoyer cinq Gundams rétablir l’ordre afin de prendre le pouvoir. Concrètement, ce n’est pas ce qu’il se passe. Les cinq ingénieurs créateurs des Gundams et qui ont choisi un pilote refusent un tel scénario et changent l’ordre de mission. Les pilotes agiront donc en terroristes en s’en prenant directement au bras armé de l’Alliance Terrestre, OZ, en épargnant les civils. Voici le contexte de base, les cinq ingénieurs prennent donc une décision unilatérale dans laquelle ils impliquent leur pilote. On peut se douter au vu du meurtre de Trowa Barton que certains membres du staff technique soutiennent cette décision ou bien que la loyauté à l’égard des ingénieurs dépasse de loin celle pour la Fondation Barton (groupe des Sweepers). Si, de fait, la Fondation Barton n’a plus aucun moyen de récupérer ce qu’elle a perdu, il n’en reste pas moins que le soutien dont bénéficient les ingénieurs est extrêmement limité. Ils sont d’ailleurs aussitôt recherchés par OZ, qui leur met la main dessus en à peu près deux ou trois mois, laissant les pilotes encore plus démunis et sans soutiens extérieurs. Ils sont d’ailleurs tous capturés tour à tour quelques mois plus tard.

L’enjeu le plus évident lors de la création de ce type de personnages est la façon dont il a obtenu son Gundam. On peut partir du principe qu’il y ait eu une sixième équipe technique, bien sûr, mais idéologiquement, cela pose un problème, car la Fondation Barton accorde une grande importance aux symboles, la date du lancement notamment est celle de l’anniversaire de l’assassinat de Heero Yuy, tout porte donc à croire qu’il y ait eu une équipe par point de Lagrange. Même si l’on peut trouver des solutions Lunaires ou vers la ceinture d’astéroïdes, on perd le symbolisme. D’autres questions se posent par rapport à ce staff. Pourquoi le Gundam n’a-t-il pas été lancé en même temps que les autres ? Y a-t-il eu des problèmes techniques ? (Ils sont mauvais ?) Y a-t-il eu divergence d’opinions entre cette équipe et les cinq autres ? (Dans ce cas, pourquoi agir plus tard ?)

Il est invraisemblable qu’il y ait eu une équipe bis prête à prendre le relai en cas de coup dur. Si elle avait existé, elle aurait aussi réagi pour contrecarrer la volonté des ingénieurs qui trahissait les objectifs de la Fondation Barton. Et au cas où cette équipe aurait partagé les convictions de nos cinq pilotes et leurs mentors, alors il est évident qu’elle serait aussitôt descendue sur Terre en soutien, par mimétisme. Le fait que chaque pilote de Gundam ignore au moment du lancement l’existence d’autres pilotes et leur nombre montre une déficience de communication ou un choix stratégique qui dans tous les cas argumente contre la possibilité que cette équipe bis puisse assurer une aide logistique concrète ou assurer une autre mission impliquant une coordination globale, par exemple plus basée sur la communication ou la chasse aux informations. Les cinq pilotes ne parviennent à coopérer qu’à la fin de la guerre et il est alors encore prématuré de parler de travail d’équipe.

L’autre solution est qu’il y ait une autre organisation qui s’implique dans la production de Gundam. Après tout, c’est vrai qu’une fois les ingénieurs capturés, ils acceptent sans hésiter de laisser fuiter cette technologie qu’ils ont pourtant mis des années à concevoir et déployer, et donc à fabriquer des armes pour l’ennemi. On constate aussi grâce à la création de l’Epyon que Treize a obtenu les informations et les matériaux nécessaires à un moment ou un autre. Il semble néanmoins improbable que d’autres organisations que celles de premier plan que l’on connait tous aient pu disposer des moyens adéquats. La White Fang ne doit son armement (Libra, Mobile Doll) qu’au fait que la plupart de ses membres avaient infiltré OZ. C’est notamment grâce à cette infiltration qu’ils ont pu mettre la main sur la base lunaire et donc sur les ressources en Mobile Doll. Il n’y a guère de place pour une organisation dissidente supplémentaire.

Quant au sixième pilote, rien que cette appellation est extrêmement autocentrée et laisse à craindre self-insert et Mary-Sue. En effet, il est tout à fait possible de créer n’importe quel personnage impliqué dans la « résistance » qui sait piloter. Hilde, par exemple, ex-ozzie, sait très bien piloter le Mobile Suit de base Leo. Noin, qui a une formation d’officier, pilote Leo, Aries, Taurus avec une grande fluidité. Il y a donc rien que dans cette appellation une volonté d’avoir un égal des pilotes de Gundam, donc un nouveau protagoniste ce qui nous renvoie à tous les dangers listés dans la partie concernant la fréquence d’apparition. Cela est d’autant plus vrai que ce nouveau personnage, de par sa nature même, semble là pour voler la vedette aux pilotes.

Conclusion

Il est évident que tout ce qui est décrit ci-dessus est surtout valable pour les fanfictions qui se disent sérieuses et ont le souci du vraisemblable, du respect de la série originelle. Il existe de très nombreuses fanfictions dont le but premier est de faire rire, et pour cela, elles peuvent tout à fait utiliser une Mary Sue caricaturale, des OOC physiques, un UA original, etc. en plus des outils comiques qu’elle jugera bon d’employer. Les délires et parodies peuvent donner des fanfictions sublimes et hilarantes ! Pourvu que le ton soit léger et que l’auteur ne se prenne pas plus au sérieux que les personnages. Chacun a le droit de se moquer gentiment (ou non) des personnages, l’important restera l’état d’esprit et la non-systématicité de la chose, une même moquerie, de moins en moins drôle selon son traitement et sa lourdeur pouvant rapidement être qualifiée d’acharnement. Le bashing, dénigrement systématique et injustifié d’un personnage, a malheureusement trop souvent existé. On pense immédiatement à Relena, détestée de beaucoup, et dont l’OOC courant pouvait être assez infect sous certaines plumes ; mais aussi à d’autres comme le Docteur J. Le but principal de telles fanfictions reste d’être un défouloir pour leur auteur. Si on peut regretter de tels comportements à l’écrit, on ne peut qu’espérer que les auteurs ne se conduisent pas ainsi dans la vie réelle avec les personnes qu’ils n’aiment pas. En même temps, l’écriture étant une façon d’exprimer ses ressentis, il reste toujours préférable d’extérioriser ses sentiments via l’écriture que d’y renoncer et de les refouler, simplement.

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Dernière modification de la page : 16/12/2022